Dans le billet précédent j’ai montré que, en présence d’une source d’énergie (houille, pétrole), les échanges commerciaux entre des pays développés et des moins développés ont pour effet de diminuer leurs écarts économiques (ou différences de « température »). Cela est vrai pour les pays qui utilisent des monnaies différentes. Cela a été le cas, par exemple, des États-Unis et de la Chine.
Le lecteur perspicace aura remarqué qu’en adoptant une monnaie unique les Européens ont de facto imposé une « température » unique à leur économie commune. Cela rend impossible de combler les différences de pouvoir d’achat entre les états membres. Ceux-ci sont considérés comme des partenaires de même avance économique que l’on met en compétition « libre et non faussée ».
Le résultat est alors l’inverse. Au lieu de diminuer leurs différences économiques, les échanges commerciaux les augmentent. Tandis que l’Allemagne s’enrichit, la Grèce devient de plus en plus pauvre. Le même phénomène se produit à l’échelle individuelle. Les inégalités de richesses ne cessent de croître entre les individus. C’est une propriété générale de toute communauté utilisant une même monnaie.
De même qu’une machine thermique ne peut fonctionner durablement avec une seule source de chaleur, de même une économie ne peut fonctionner durablement avec une seule monnaie. Dès que les ressources diminuent, la croissance stagne. Tôt ou tard, l’économie est en faillite et la société s’effondre. Un effondrement brutal pourrait être évité si l’on introduisait une deuxième monnaie. Dans son livre « Au cœur de la monnaie », l’économiste belge Bernard Lietaer arrive à la même conclusion à partir de considérations historiques. Il appelle ces deux monnaies le yin et le yang.
Aujourd’hui, le besoin de monnaies complémentaires se fait partout sentir. Beaucoup ont été introduites, mais les diverses tentatives restent isolées les unes des autres (1). Philippe Derudder et André-Jacques Holbecq proposent une monnaie nationale complémentaire (2). Malheureusement, l’histoire montre que les civilisations s’effondrent avant que l’usage d’une deuxième monnaie se généralise. À vous, chers lecteurs, d’en propager l’idée et de faire pression sur nos dirigeants pour qu’ils la mettent en application.
L’exposé que j’ai fait le 12 mars a pour titre « La thermodynamique des transitions économiques ». Le lecteur intéressé en trouvera ci-joint une version écrite ainsi que les projections associées (format pdf ou diaporama). On y trouvera ma proposition en faveur d’une seconde monnaie européenne.
La vidéo a été postée sur youtube
Voici aussi les liens à deux articles suscités par ma conférence:
« On a atteint le point critique : l’effondrement de notre civilisation »
(1) Voir: http://monnaie-locale-complementaire.net/france/
(2) Éditions Yves Michel (2010) et http://www.aises-fr.org/s-informer/bibliographie-choisie/livres-communs-philippe-derudder-et-andre-jacques-holbecq